Blog d'actualités juridiques par Maître Thierry Vallat, avocat au Barreau de Paris (33 01 56 67 09 59) cabinet secondaire à Tallinn ISSN 2496-0837
Par thierry vallat
Le projet européen Roborder de surveillance aux frontières suscite des inquiétudes sur l'intensification de l'utilisation des intelligences artificielles pour traquer migrants, terroristes et clandestins, mais qui pourrait se révéler encore plus intrusive.
Ce projet Roborder, expérimenté en Grèce, au Portugal et en Hongrie, prévoit de surveiller les frontières par des essaims de drones autonomes, fonctionnant et patrouillant ensemble. L’algorithme de ces drones leur permettrait de reconnaître les humains et de distinguer si ces derniers commettent des infractions ou mettent en danger la frontière.
Cette nouvelle expérimentation intervient après l'échec cuisant de l'expérimentation iBorderCtrl qui testait l’intelligence artificielle dans le but de débusquer les mensonges des passagers aériens lors des contrôles de sécurité, grâce à une analyse de leurs micro-expressions.
Il s'agissait d'un véritable détecteur de mensonges profilé qui avait été mis en place dans des aéroports grecs, lettons et hongrois.
Le projet était calqué sur les tests effectués au Canada en 2017 avec une IA capable de détecter les mensonges à partir des comportements physiologiques dans ses aéroports. Cette IA surnommée "Avatar" (pour Automated Virtual Agent for Truth Assessments in Real Time) pourrest supposée ainsi aider les douaniers à contrôler les voyageurs en cas de doute sur leur motivation à entrer dans l'Union européenne.
Si iBorderCtrl a été arrêté, cela ne veut pas dire que d’autres expériences similaires ne sont pas menées. Le programme Avatar, qui repose également sur la “reconnaissance des émotions”, est toujours actuellement testé en Roumanie et au Canada.
Pour sa part, l'Espagne envisage de déployer des drones pour surveiller sa frontière avec le Maroc à Melilla avec de nouvelles installations terrestres incluant scanners, vidéosurveillance et reconnaissance faciale.
On sait pourtant que le succès type de surveillance par drone est loin d'être garanti: l'emploi de Predators (des modèles à voilure fixe, dérivés des engins utilisés par l'armée) n'a par exemple guère fait progresser la lutte contre l'immigration clandestine entre le Mexique et les Etats-Unis, le pourcentage d'interpellations pouvant leur être directement imputé se situant entre 0,7 et 1,8 %.
Et comme d'habitude, ces projets sont muets quant au recueil des données biométriques, la conservation des données, leur durée de conservation, leur accès etc. qui ne semblent guère préoccuper les initiateurs de ces dispositifs très intrusifs.
Me Thierry Vallat est intervenu sur le sujet pour RT France le 12 octobre 2021.
(source: Aims & Objectives – Roborder)
(crédits dessin: Cabinet Thierry Vallat)
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